Hallucinée // Rimer avec Mallarmé

(sur les rimes du poème : Apparition)

Le Soleil jubilait. Les incubes sans pleurs
Jouissaient, le phallus droit, en tige de fleurs
Bien pulpeuses, crachant soûlés sur des violes
Les rouges vins divins coulés des bleues corolles.
— Ce fut au soir maudit de ton breneux baiser.
Réveillé, en jurant ton sein martyriser
Je dessoûlais confus aux relents de tristesse
Qu’avec ma nostalgie de l’échec, je te laisse
Au désordre d’un Jour sans cul, l’amour cueilli.
J’arpentais très distrait le vert gazon vieilli
Où sur mon crâne chauve une lune de rue
Luisait, lactante et nue de son lit apparue
Et j’ai vu le sorcier aux souliers sans clarté
Qui, débitant son rêve affreux de vieux gâté
Hagard, séchait encor, les mirettes fermées
D’étranges pluies de fleurs-sucettes parfumées.

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Note : J’offre ici, pour l’essentiel et en manière de
jeu, des images inversées du poème de Mallarmé.

La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
– C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au coeur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.

Stéphane Mallarmé, Apparition


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